
Soumis par Luce Langis
Samedi le 28 septembre dernier, c’est une Maison symphonique pleine à craquer qui recevait l’orchestre de chambre Les violons du Roy et son choeur, La chapelle de Québec, pour nous offrir le sublime Magnificat de Bach, en ouverture de leur saison 2019-2020. Quelle merveilleuse soirée, tout habillée de beauté, de musique contrapuntique tantôt douce, tantôt enlevante, nous ont fait vivre ces deux formations sœurs, sous la baguette expérimentée de Jonathan Cohen!
« Le Magnificat est une grande prière de joie et de gratitude que Jean-Sébastien Bach et ses fils ont traduite en musique de façon très éloquente, » dixit Patrice Savoie et Laurent Patenaude. On ne saurait mieux dire! Dès l’ouverture du concert, le choeur chante de toute son âme et de tout son cœur le premier mouvement « Mon âme exalte le Seigneur ». Et les frissons nous parcourent l’échine! « A quelle grâce et à quelle beauté ai-je la chance d’assister! », me dis-je. Et le concert « exclusivement Bach, père et fils » se poursuit.
Le premier Magnificat, écrit en ré majeur, par Johann Sebastian Bach, date de 1728 et nécessite un choeur à 5 voix, 5 solistes vocaux (Hélène Guilmette, soprano 1; Myriam Leblanc, Soprano 2; Anthony Roth Costanzo, Contre-ténor; Thomas Walker, Ténor; Christian Immler, Baryton) et un orchestre. Composé pour la fête de la Visitation de la Vierge Marie, il constitue l’une des œuvres vocales majeures de Bach père. Le douzième et dernier mouvement, alors que le choeur commence en douce, puis enfle jusqu’à emplir la salle au complet de toute sa grandeur, constitue un réel moment de bonheur.
Puis, c’est au tour de Johann Christian Bach, le dernier fils de Bach (18ème de ses 20 enfants!) de nous faire entendre son Magnificat, W E22. Ce dernier a été composé en 1757, alors que le compositeur n’était âgé que de 25 ans et qu’il était alors nommé à la Cathédrale de Milan… Bien que Johann Christian soit davantage tourné vers la galanterie, au niveau musical, son œuvre témoigne bien qu’il est allé à l’école des Bach… Ce Magnificat en do majeur est écrit pour 4 solistes, choeur et orchestre. Il groupe le cantique de la Vierge dans trois mouvements de tempi alternés, pleins d’élégance et de fraîcheur. On y retrouve sa touche particulière, dans laquelle il excelle : le contrepoint religieux, qui y côtoie l’esprit de la symphonie italienne et de l’opéra. De la grande musique tout autant!
Puis, après la pause, c’est au tour du deuxième des fils musiciens de Bach, Carl Philipp Emanuel Bach, de nous faire entendre son Magnificat Wq. 215, H.772. Le jeune Carl Philipp Emanuel n’avait que 9 ans lorsque le Magnificat de son père fut chanté pour la première fois. Il mena une carrière semblable à celle de ce dernier. Puis, c’est en 1749, à l’âge de 35 ans, qu’il composa sa première œuvre religieuse d’envergure: ce superbe Magnificat en ré majeur, écrit pour quatre solistes, choeur et orchestre. Bien qu’il empruntât plusieurs caractéristiques musicales de son illustre père, sa personnalité fougueuse et sentimentale imprègne sa musique, à travers le déferlement de gammes du choeur initial et dans les ritournelles symphoniques des 3ème et 5ème mouvements.
Le chef d’orchestre attitré, Jonathan Cohen, est aussi claveciniste et violoncelliste! Il maîtrise avec autant d’aisance le répertoire de l’opéra baroque que celui des grandes œuvres symphoniques classiques. Passionné par la musique de chambre, il prend la direction orchestrale des Violons du Roy en 2018, succédant ainsi à Bernard Labadie, le fondateur de l’orchestre de chambre. Il mène une magnifique carrière internationale.
« Magnificat », ce fabuleux concert « tout Bach » a réjoui tous les convives invités à la fête du cœur et de la beauté. Ces derniers lui ont réservé une authentique ovation debout de plusieurs minutes.
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