
Soumis par Luce Langis le 13 mai 2019
Quel concert! Après avoir été présentée deux fois à Québec les 4 et 5 mai, puis au Carnegie Hall de New York le 7 mai, cette œuvre a enfin pu être présentée au public montréalais.
La Messe en si mineur de Bach constitue un élément de choix parmi toutes les créations du grand compositeur de la fin du 17e, début 18e siècle. C’est que c’est l’unique messe entière que Bach ait mise en musique. Écrite sur une période de 20 ans (1714-1749), elle est formée par l’assemblage de diverses parties déjà écrites et d’un tiers de pure composition, que Bach a savamment intégrées en une construction parfaite. A l’écoute, il est impossible de savoir que cette œuvre a été construite par « parodie » (cette technique d’élaboration de l’oeuvre), tellement tout coule en une parfaite symétrie et continuité. L’œuvre, dont l’architecture très étudiée, partagée en neuf pièces musicales distinctes, et dont la crucifixion en est le centre et le pivot, constitue en soi un panorama de l’oeuvre de Bach. Le musicien s’est employé à créer des liens entre les diverses parties de sa Messe, en reprenant, soit note pour note des segments ou en employant la même structure lente, le tempo à 3 temps ou la tonalité. Toute cette construction savante contribue à unifier la Messe en si mineur et à en faire une œuvre exceptionnelle.
Dirigés d’une main de maître par Maestro Bernard Labadie, fondateur même des Violons du Roy et du chœur La chapelle de Québec, ces deux ensembles ont su rendre cette Messe en si mineur dans toute sa subtilité, sa richesse, sa profondeur et sa grandeur. L’orchestre de chambre et le choeur de chambre, parfaitement synchronisés et en parfaite symbiose, nous ont livré, dans toute leur splendeur et leur grandeur, les passions diverses qui animent la Messe en si mineur de Bach. L’allure sévère que réclament les Kyrie, illustrée par une écriture polyphonique austère, tranche avec le climat d’exultation du début du Gloria et celui des acclamations du Sanctus et du Osanna. Les mélomanes ont pu savourer chaque note et chaque partie, comme le nectar d’un magnifique bouquet parfaitement agencé. Tout coulait de source et s’enchaînait à merveille, laissant les spectateurs ébahis et comblés.
La prestation des solistes est venue ajouter à la subtilité de cette œuvre magistrale. La soprano Lydia Teuscher, le contre-ténor Lestyn Davies, le ténor Robin Tritschler, ainsi que le baryton-basse Matthew Brook ont chanté diverses parties de la Messe, soit séparément, soit en duo. Le contre-ténor et le baryton-basse m’ont particulièrement impressionnée, par la tessiture de leurs voix.
Quelques mots sur La chapelle de Québec et sur Les Violons du Roy
Créé en 1985 par Bernard Labadie, La chapelle de Québec est l’un des plus importants ensembles vocaux d’Amérique du Nord. Il est formé exclusivement de chanteurs professionnels triés sur le volet et provenant de partout au Canada. L’ensemble chante régulièrement avec son alter ego, Les Violons du Roy. Spécialisé dans le répertoire avec orchestre des XVII ème et XVIII ème siècles, il est acclamé mondialement pour ses interprétations des oratorios, requiem, messes et cantates de Bach, Handel, Haydn, etc.
L’orchestre de chambre Les Violons du Roy a été aussi créé par Bernard Labadie en 1984 et est basé au Palais Montcalm, à Québec. L’ensemble, formé d’une quinzaine de musiciens aguerris, est désormais connu mondialement, de par leurs prestations dans toutes les parties du monde et leurs nombreux enregistrements.
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