Luce Langis

Chroniqueure culturelle

L’Opéra Written on skin : Moderne, polysémique et un brin surréaliste…


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C’est hier qu’avait lieu la Première de l’Opéra moderne « Written on skin », composé conjointement par le chef d’orchestre George Benjamin et l’auteur Martin Crimp, en 2012, et mis en scène par Alain Gauthier. Accompagné de l’excellent orchestre symphonique de Montréal, dirigé par la brillante cheffe d’orchestre Nicole Paiement, l’Opéra de Montréal a offert un tout nouveau style d’opéra, axé davantage sur la contemporanéité. C’est d’ailleurs ce nouveau virage que compte prendre l’Opéra de Montréal, en présentant à l’avenir d’autres œuvres modernes…

Cet opéra en 3 actes, d’une durée d’une heure trente sans entracte, met en scène 3 personnages principaux et 3 personnages secondaires, les Anges, posés en miroir sur l’histoire racontée. Le trio « classique » est composé d’une femme et de deux hommes qui se disputent l’amour de la femme, tandis que les 3 anges se font les spectateurs, acteurs secrets et censeurs de l’histoire racontée.

Quelque peu surréaliste et ouvrant plusieurs chemins qu’elle ne continue pas, cette histoire, à mi-chemin entre la fable et le mythe, constituée de grands schèmes humains, tels la domination, la possession, la jalousie, le désir, la velléité de toute-puissance, la création du monde, la pensée magique, la misogynie, l’affirmation de soi, la trahison, l’Amour, la rébellion, etc. est tellement protéiforme qu’on s’y perd littéralement. L’impression que cet opéra m’a laissée, c’est que les auteurs ont voulu aborder tous les thèmes humains en même temps, sans en choisir un en particulier, et, ce faisant, ils les ont tous échappés dans un grand maelström. En effet, chaque scène ouvre une piste qu’on abandonne aussitôt pour une autre… Cela fait en sorte que le spectateur est mélangé et qu’il ne comprend pas trop où on tente de l’amener…

L’histoire est à ce point touffue et surréaliste qu’elle en est presque inénarrable… Voici, en résumé, la trame du premier acte seulement. Il s’agit d’un Protecteur (le baryton-basse Daniel Okulitch), un homme violent, possessif, mégalomane, qui croit posséder sa femme, Agnès, (la soprano Magali Simard-Galdès) et qui l’humilie, la violente à l’envi et exige sa soumission. Parallèlement à cela, il y a un choeur d’Anges, qui nous transporte à une époque où chaque livre est un objet précieux « écrit sur la peau ». L’un des Anges, appelé le Garçon (le contre-ténor Luigi Schifano) se transforme en un enlumineur de manuscrits. Le Protecteur lui demande de créer un livre « à sa gloire », où ses ennemis seraient représentés en enfer et sa propre famille, au paradis. Sa femme Agnès exprime des doutes tant qu’à la réalisation de ce projet. Les Anges rappellent combien le récit biblique de la création est violent et hostile aux femmes. Agnès, qui veut savoir comment on fait un livre, va retrouver le Garçon et lui dit que la Femme qu’il a imaginée, Eve, n’est pas une vraie femme. Elle le met au défi d’en créer une vraie : une femme qui a des désirs et des souffrances. L’un des trois Anges, la sœur d’Agnès, Marie (la mezzo soprano Florence Bourget) arrive et remet en cause la pertinence d’écrire un tel livre… Le Garçon se glisse dans la chambre d’Agnès pour lui montrer son nouveau dessin. Lorsqu’elle réalise qu’il s’agit d’un portrait d’elle, elle éprouve instantanément du désir pour le Garçon et s’offre à lui.

Bien que l’histoire racontée soit plutôt étrange et difficile à suivre, il demeure que cet opéra vaut quand même, à mon avis, la peine d’être vu, ne serait-ce que pour la beauté et l’esthétisme de l’ensemble. En effet, tous les chanteurs et chanteuses ont une voix merveilleuse et singulière. Celle de Daniel Okulitch est très riche, d’une belle couleur châtoyante et d’une grande puissance, alors que celle de Magali Simard-Galdès est d’une extraordinaire pureté, semblable à du cristal. La voix du contre-ténor est très juste et riche aussi. En soi, entendre toute cette beauté vaut le déplacement et constitue un pur délice.

Les décors sont magnifiques et fascinants. Le scénographe Olivier Landreville a transposé cette époque indéfinie en genre de tours, faites en bois et en cordages, aux tons chauds et à l’architecture aux accents gothiques. Quant à la musique, elle colle exactement à la modernité de l’histoire : hachée, éclatante, sans motifs précis mais pleine d’éclats de cymbales; elle est tout sauf ennuyante.

L’Opéra Written on skin est présenté à la Place des Arts les 28 et 30 janvier, ainsi que le 2 février.

www.operademontreal.com/



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