Le 23 novembre dernier, l’Orchestre classique de Montréal, dirigé par nul autre que Maestro Jacques Lacombe, accompagné de la Mezzo Soprano Julie Nesrallah, de l’excellent comédien Victor Andres Trelles Turgeon, du baryton Clarence Frazer et de 3 couples de danseurs haute voltige de tango nous offraient un véritable voyage au cœur du Buenos Aires des années 1940… Ce fut un spectacle de deux heures des plus passionnants et dépaysants…
Avant même le début du spectacle, on pouvait voir sur la scène un homme affalé dans un fauteuil, buvant de l’alcool à même le goulot, dans un sac en papier. Il représentait bien le milieu dans lequel a évolué le tango au début du XXème siècle à Buenos Aires. Le tango est né dans le Buenos Aires très pauvre de l’époque, alors que l’Argentine accueillait les immigrants européens par bateaux entiers. Aux tambours, flûtes et guitares viendront se substituer le piano, puis le violon et le bandonéon, les 3 instruments de base du Tango. Après avoir baigné dans les bas-fonds de Buenos Aires, fréquenté les prostituées des maisons closes, le tango a fait fureur à Paris et a ainsi gagné ses lettres de noblesse en Europe et en Amérique du sud.
Le spectacle
« El duente » (le farfadet) était excellemment joué par le comédien Victor Andres Trelles, qui y mettait toute la passion, l’âme, la ferveur et « el sangre caliente » des Argentins. C’est ainsi qu’il tentait de séduire Maria ( la mezzo-soprano Julie Nesrallah), pour ensuite la conspuer et lui souhaiter la mort et la déchéance… Le payador (poète accompagné de la guitare et inventant des vers), était incarné par Clarence Frazer, un baryton à la voix profonde, chaude et enveloppante.
L’oeuvre musicale est du compositeur et bandonéiste argentin Astor Piazzola, ce dernier étant considéré comme le plus important musicien de la seconde moitié du XXᵉ siècle pour la musique de tango. Le livret, œuvre de H. Ferrer, nous a laissées dubitatives… Il est vrai que cet opéra était qualifié d’ « opéra surréaliste »… Cela explique le manque de sens des paroles dites et chantées, et transcrites en sur-titres en français et en anglais.
Le côté théâtral du concert a transformé ce dernier en véritable spectacle animé, constamment renouvelé et comportant plusieurs saynètes différentes, alternant entre le jeu de l’orchestre seul, les chanteurs, le comédien et les danseurs de tango, toujours accompagnés de l’orchestre. Le choix des musiques était aussi très varié, passant de chansons au rythme endiablé aux mélodies douces et langoureuses de certaines danses du tango. On ne s’est donc pas ennuyées une minute durant les quelque deux heures du spectacle. Ce genre de spectacle multi-disciplinaire qui unit théâtre, musique, déclamations, chants et danses séduit inévitablement les spectateurs, qui entrent ainsi de plain-pied dans le voyage qu’on leur a préparé.
L’instrument vedette de ce spectacle Opéra Tango était assurément le bandonéon, joué par le maître reconnu de cet instrument : Denis Plante. Au piano, l’excellente Esther Gonthier; aux percussions : Catherine Varvaro et Catherine Meunier; à la guitare classique : Adam Cicchillitti et au premier violon, le virtuose Marc Djokic.
Crédit photos: Tam Photography
La salle Pierre-Mercure était remplie à craquer pour voir ce spectacle envoûtant et passionnant. Une belle parenthèse dans l’automne gris 2023…
D’autres beaux concerts sont attendus après les Fêtes…
Pour suivre la programmation de l’Orchestre classique de Montréal :
Orchestre classique de Montréal – Orchestre classique de Montréal