Critique
A l’époque où « le bien » et « le mieux » se disputent la palme socialement, la pièce Les gens, les lieux, les choses s’inscrit parfaitement dans cette démarche de la recherche du « bien ». Écrite par le dramaturge britannique Duncan Macmillan en 2015 (People, Places and Things), cette pièce explore la problématique de la dépendance aux drogues, ses effets sur la personne et les proches et la difficulté de s’en sortir. Un sujet d’actualité et un reflet de notre ère… Présentée au Théâtre Jean-Duceppe jusqu’au 12 octobre, elle est mise en scène par Olivier Artaud.
L’argument
Emma (Anne-Élizabeth Bossé) est une jeune actrice toxicomane. Un jour, trop stone, elle oublie les paroles de son texte et est alors confrontée à la dure réalité de devoir suivre une cure de désintoxication, si elle veut continuer de travailler. Elle se présente donc dans une clinique de désintoxication, mais tout son être se rebiffe face au processus auquel elle devra se soumettre pour arriver à toucher sa véritable personnalité. En effet, la drogue et la scène lui procurent une exaltation dont elle n’est pas prête à se passer! Elle résistera donc à cette thérapie, tant qu’elle le pourra!
L’institut psycho-social
L’intervenante en chef (Maude Guérin) a un côté marâtre et autoritaire, qui n’invite pas tellement à la confidence et à la collaboration… Ces instituts psycho-sociaux sont ici quelque peu parodiés… On y retrouve ces fameuses rencontres de groupe, où chacun est accueilli par un « Bonjour tel/telle » et où il doit déballer toute son histoire personnelle au groupe, le tout se terminant par des applaudissements. On voit ici le côté taré de certains individus… Emma se refuse totalement à entrer dans ces simulacres de thérapie … Pendant ce temps, son sevrage se poursuit. Son trouble intérieur et ses personnalités multiples sont représentées par 6 danseuses qui dansent et se contorsionnent sur scène, dans une ambiance et musique psychédéliques.
Enfin, de guerre lasse, elle abandonnera sa carapace, pour enfin se retrouver. Faisant maintenant face à la réalité, elle se rendra compte qu’elle a cassé de nombreux pots et brisé les ponts avec ses parents. Il ne lui reste, dès lors, qu’à retourner vers cette nouvelle famille de thérapie…

Mise en scène
La mise en scène d’Olivier Artaud est très éclatée et fulgurante : musique psychédélique, stroboscopes puissants, danseurs qui se tordent sur scène, pour exprimer la douleur intérieure. À l’arrière de la scène, 6 très grosses lettres majuscules, pour exprimer la quête des protagonistes : SORTIE. Oui, sortie de crise, sortie de la maladie, sortie de la douleur, sortie de la dépendance…
Ma critique
Cette pièce m’a semblé trop longue, relativement au propos énoncé, qui demeure assez simple… Les scènes de danse psychédélique sont trop nombreuses et redondantes. Elles perdent ainsi de leur signifiance, tout en alourdissant la pièce.
Le propos, bien que s’inscrivant très bien dans l’air du temps, me semble déjà très (trop) bien connu, traité et documenté dans tous les médias. On n’y apprend rien de nouveau…
Cette pièce a davantage un côté documentaire que fictionnel.
Enfin, cette « bienveillance » et cet amour inconditionnels reflètent très bien l’aspect « guimauve » de notre époque. Soulignons le côté « aide sociale » de la pièce, qui, à l’instar de certaines séries télévisées, nous indique où téléphoner et aller chercher de l’aide, en cas de dépendance aux psychotropes…
Pour moi, la partie la plus vraie et intéressante de la pièce a lieu à la fin, lorsque Emma se livre sans armure et où elle confronte ses parents. J’ai réellement senti là une parole vraie – bien que dure – et des scènes franches et libres – comme dans la vraie vie! – bien éloignées de la « bienveillance » factice dont on nous abreuve…
Traduction : David Laurin
Crédit photos : Danny Taillon