Luce Langis

Chroniqueure culturelle

Le Misanthrope au TNM : exigeant, mais tellement d’actualité!


À l’ère de la polarisation des idées et opinions, le Misanthrope est plus que jamais d’une actualité criante. Du 16 janvier au 10 février, le TNM présente cette pièce sans âge, bien qu’écrite par Molière en 1666, et dont le propos restera toujours universel.

L’âme humaine a de ces réactions que la raison ne comprend pas… Chaque être humain étant bâti en un unique exemplaire, le kaléidoscope et le spectre de ses sentiments sont à l’infini… Ainsi, comment communiquer avec son semblable? Qu’est-ce qui nous rassemble ou nous divise? Que recèle, au fond, l’âme humaine, et comment s’y reconnaître, dans l’enchevêtrement inextricable des pulsions contradictoires? Ce sont toutes ces questions que traite Molière, dans le Misanthrope, mais auxquelles, au final, il ne peut donner de réponses…

Alceste (Francis Ducharme) porte les habits de l’Intransigeant, du Misanthrope, celui qui déteste tout le monde, à l’exception bien sûr de sa chère Célimène (Alice Pascual), dont il est amoureux fou. Le metteur en scène, Florent Siaud, en a fait son misanthrope mais, me suis-je demandé… « Est-il si misanthrope que ça? » Poser la question, c’est y répondre…

En 2024, ce « mysanthrope » me paraît être tout simplement quelqu’un de parfaitement normal, un « monsieur et madame tout le monde »… Il a des opinions tranchées : il aime ou il déteste. Ainsi, il déteste le « poème » niais et complètement imbuvable d’Oronte (Dany Boudreault). Et il l’exprime! Un peu excessivement, j’en conviens… (il vomit). Son ami, Philinte (Alex Bergeron) est tout le contraire d’Alceste : il aime tout le monde, est d’un naturel optimiste, tente de ne pas blesser les autres, et en appelle toujours aux comprimis… (un genre de « tout le monde est beau, tout le monde il est gentil…) Ainsi, les deux amis se querellent car Alceste trouve que Philinte n’a pas pris de position assez tranchée à propos du sonnet d’Oronte. Ainsi, les 2 principaux protagonistes sont campés. A mon avis, les 2 camps de notre société sont ici campés : ceux qui persistent à dire réellement ce qu’ils pensent, et les autres, les « gentils et purs » Wokes… (NDLR)

Alceste fait partie de la haute société et est donc constamment confronté à l’hypocrisie, à la compromission, à la couardise, à l’arrivisme politique et au potinage… Lui, il préfère rester honnête envers lui-même et les autres; il déteste le faire-semblant; il prône « l’être » sur le « paraître »… toutes des valeurs hostiles à la bourgeoisie dans laquelle il baigne… Comme les méandres de l’âme sont indéchiffrables, il tombe amoureux fou de Célimène, qui représente pourtant tout ce qu’il exècre : une femme superficielle, frivole, médisante, coquette et championne du double-jeu : elle mène de front 4 histoires sentimentales avec des hommes amoureux fous d’elle : Oronte, Acaste (Iannicko N’doua) et Clitandre (Dominick Rustam) et bien sûr, le pauvre Alceste. Et, bien que deux autres femmes amoureuses de lui, la prude Arsinoé (Évelyne Rompré) et la douce Éliante (Mounia Zahzam), correspondent davantage à ses valeurs, il ne s’y intéresse pas. Il n’a d’yeux et de désir que pour la perfide Célimène. Or, lorsque les 4 amoureux demanderont à Célimène de choisir enfin celui qu’elle préfère, elle se défilera encore. De même, lorsque Alceste lui demandera de quitter la société mondaine dans laquelle elle évolue, elle refusera.

La mise en scène de Florent Siaud conjugue l’ère du XVII ème siècle à notre ère contemporaine. D’une part, il garde les alexandrins de Molière intacts dans la bouche des comédiens, et, d’autre part, ses mises en situation et les décors sont très contemporains. Ainsi, l’action a lieu dans un bar très moderne, contigü à un salon, et les acteurs se battent, de façon directe et sans gestes ampoulés comme au XVII ème siècle, et disparaissent par des trous dans le sofa. Les vêtements demeurent ceux de notre époque.

En résumé, c’est une excellente pièce, bien dirigée, et le fait d’avoir gardé les alexandrins était, à mon avis, un incontournable, pour préserver l’âme de cette pièce- phare. Bien entendu, il faut redoubler d’attention pour ne pas perdre le fil de l’intrigue.

Théâtre du Nouveau Monde | TNM



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