
Disons-le tout de go : « Vous serez ravis par cette pièce! Courez-y tout de suite! » Si vous avez envie de fraîcheur, de rêve, de liberté et d’une pause (bien méritée) dans la rectitude politique ambiante, courez voir « La Société des poètes disparus », présentée au Théâtre Denise-Pelletier, du 20 mars au 26 avril 2019.
C’est le sourire aux lèvres et l’âme en bandoulière que les spectateurs ont quitté le Théâtre Denise-Pelletier, en cette soirée de Première de la pièce éponyme tirée du scénario de Tom Schulman. « Liberté, quand tu nous tiens… », aurions-nous pu lancer à la cantonade, le cœur léger et ravi, au sortir de la pièce…
C’est qu’il est rare, de nos jours, de pouvoir percer la coquille de plus en plus dure de la censure, de la rectitude politique ambiante et du nivellement par le bas auxquels notre époque est malheureusement soumise, après le vent de fraîcheur et de liberté qui a balayé le monde dans les années 60. Le retour du balancier broie maintenant toute velléité de sortie des sentiers battus et très balisés…
La pièce « La société des poètes disparus », présentée ces jours-ci au Théâtre Denise-Pelletier, a gardé et préservé tout le suc du scénario original. La mise en scène de Sébastien David est réjouissante, efficace et géniale, de par sa simplicité. Sans décors ni artifices, les comédiens n’ont que leur texte, leur talent et leur folie, pour nous faire découvrir et apprécier cette œuvre magistrale! Chapeau bas!
L’histoire
En 1959, aux Etats-Unis, l’école privée Welton (nom fictif) – l’une des plus fermées et austères du pays – forme les jeunes hommes de bonne famille à devenir l’élite de demain. Les quatre emblèmes moraux par lesquels elle se définit sont « Excellence, discipline, honneur et tradition. » Le directeur, M. Nolan (Jean-François Casabonne), s’attend à ce que tous honorent et respectent ces quatre piliers moraux de l’école, et que professeurs et élèves marchent droit, dans le chemin déjà tracé. Or, sans le savoir, il a embauché celui qui allait devenir l’élément subversif de l’école, le professeur Keating (Patrice Dubois)… un ancien de l’école. Ce dernier, un esprit libre, s’occupera plutôt à enseigner à ses élèves la liberté, la joie, l’autonomie et la dissidence, plutôt que le respect des traditions, la soumission et l’acceptation des valeurs conservatrices de l’école et de la société. Les jeunes, très perméables, épouseront totalement ces valeurs de liberté, d’idéal et d’autonomie, les mettant en pratique jusqu’au bout. Ils recréeront cette « Société des poètes disparus », sorte de confrérie secrète, où la poésie, les lettres et la liberté en constituent la pierre d’assise.
Bien entendu, ces deux courants de pensée, totalement opposés, s’affronteront de plein fouet, causant de véritables drames…
Le sens sous-jacent
La pièce pose différentes questions…. Qu’est-ce que le véritable honneur? Jusqu’où peut aller le non-respect de nos désirs profonds? Quelle est la part de responsabilité que doivent assumer les professeurs? La liberté a-t-elle un prix? Quel est le sens de la loyauté et de l’amitié? Quel est le véritable rôle des pédagogues?
En résumé, l’adaptation d’une pièce est réussie lorsque le sens est intégralement préservé, nonobstant les moyens techniques ou physiques utilisés pour y arriver. Ici, c’est un grand A que récolte le metteur en scène Sébastien David!
Avec Gérald Gagnon (M. Perry), Jean-François Casabonne (Paul Nolan), Patrice Dubois (Monsieur Keating) et Mustapha Aramis, Maxime Genois, Simon Landry-Désy, Etienne Lou, Anglesh Major, Emile Schneider et Alice Moreault, dans le rôle de ces étudiants épris de liberté…
https://www.denise-pelletier.qc.ca/