Luce Langis

Chroniqueure culturelle

Disparu·e·s chez Duceppe : La comédie humaine à son meilleur!


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Comme il était rafraîchissant d’assister à la pièce « Disparu·e·s » chez Duceppe jeudi dernier! Cette fresque familiale mettant en scène 13 personnages vivant une situation délicate dans une famille très dysfonctionnelle contient tous les ingrédients du tragique qui, combinés à la caractérisation des personnages, en fait presque une comédie! Une comédie tragique, s’entend. Elle fait surgir, à plusieurs moments, de délicieux moments d’hilarité générale.

Cette pièce du dramaturge, scénariste et comédien américain Tracy Letts, s’appelle originellement « August: Osage County » et est inspirée d’un chapitre sombre de sa propre histoire familiale. Créée en juin 2017 à Chicago, elle a été jouée presque partout dans le monde, et s’est mérité le prix Pulitzer en 2008. C’est même le père de l’auteur, le comédien Dennis Letts, qui a créé et joué le rôle du patriarche, Beverly Weston! « August: Osage County », traduite par « Disparu.e.s » chez Duceppe, est considérée comme l’une des pièces américaines les plus marquantes des vingt dernières années… Et pour cause! C’est l’une des meilleures pièces que j’ai vues jusqu’à maintenant!

Dans un décor réaliste, formé de l’intérieur d’une grande maison subdivisée en quatre pièces, comprenant 3 chambres à coucher et un grand salon-salle à manger, douze personnages d’une même famille et une bonne à tout faire viendront régler leurs comptes et laver leur linge sale en famille dans ce huis-clos de deux heures et quart. Et on ne s’y ennuie pas une seconde! Les répliques assassines, les vilipendements sans filtres disputent la place aux émotions profondes, telles la tristesse, le sentiment de trahison, de mépris et de déception que seuls peuvent ressentir les membres d’une même famille, lorsque des vérités longtemps enfouies ressortent au grand jour. Ces personnages d’une vérité criante sont excellemment dirigés par le metteur en scène René Richard Cyr, dont la renommée n’est plus à faire. René-Richard Cyr a un talent vraiment particulier et une sensibilité aiguisée pour saisir la vérité des personnages de ce type d’univers, s’apparentant à celui de Serge Boucher. Cette justesse de la mise en scène est remarquable.

Pourquoi « Disparu·e·s »?

Dans cette pièce, tout comme dans la vie, tout disparaît : le temps, les amitiés, l’amour, les êtres chers, la fidélité, l’honneur, les promesses… On est seuls, rien n’est éternel, et la mort nous engouffre tous dans son immense trou noir… Face à cette tragédie inhérente à la condition humaine, les humains se dépatouillent comme ils le peuvent, et, lorsqu’ils sont poussés dans leurs derniers retranchements, ils n’épargnent rien ni personne. La vérité crue apparaît. L’être humain apparaît alors avec toutes ses contradictions, ses faiblesses et sa personnalité propre. C’est cette caractérisation qui crée le rire : les tics, les mensonges camouflés, les esquives enfantines, enfin toute cette tentative désespérée pour sauver sa peau, font écho chez les spectateurs – qui se reconnaissent dans ces personnages – et qui, alors, rient aux éclats. Je n’y ai pas échappé : tout comme le public présent dans la salle, j’ai ri aux éclats à de très nombreuses reprises dans cette pièce. Autant rire de nos travers que d’en pleurer! Ce texte, très fort, allie la tragédie à la comédie, et c’est très libérateur. Chapeau aux comédiens, qui rendent leur personnage plus vrai que nature!

Avec Chantal Baril, Sophie Cadieux, Yves Bélanger, Alice Dorval, Hugo Dubé, Antoine Durand, Roger Léger, Renaud Lacelle-Bourdon, Guy Mignault, Christiane Pasquier (la mère), Evelyne Rompré, Kathia Rock et Marie-Hélène Thibault. Co-directeurs artistiques : Jean-Simon Traversy et David Laurin.

A voir absolument, jusqu’au 23 novembre, chez Duceppe.



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