CRITIQUE
Du 11 mars au 5 avril 2025, le TNM présente « Classique(s) », une pièce de Fanny Britt et de Mani Soleymanlou, dans une mise en scène de Mani Soleymanlou. Sur scène, trois musiciens accompagnent les comédiens, soit Mélanie Bélair, au violon, Alexis Elina, au piano, et Annie Gadbois, au violoncelle.
Disons-le tout de go : je n’ai pas du tout apprécié cette pièce, et ce, pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, j’ai toujours cru – et je le pense encore – qu’une œuvre , quelle qu’elle soit, doit partir d’un élan vital et impérieux d’exprimer un sentiment, une idée, un besoin qui nous tient profondément à cœur, et que nous nous devons de partager, pour nous en libérer. C’est également ce qui induit normalement l’émotion chez le spectateur, en le lui faisant partager. Or, ici, j’ai plutôt senti qu’on avait procédé de façon inverse. On a d’abord choisi un thème (Les Classiques au théâtre) et on a essayé ensuite de le meubler de toutes les façons possibles et impossibles. Ici, donc, aucune histoire ni aucune émotion transmises tout au long de ces deux longues heures de théâtre. Mais le théâtre sans émotion ni histoire, à quoi cela sert-il?
Je me suis demandé : « Mais que veut-on nous dire, au final? » Que cherche-t-on à exprimer? Je n’ai trouvé aucune réponse, sinon qu’on cherchait à meubler un thème choisi de façon aléatoire et extérieure aux auteurs.
On a choisi de représenter les Classiques au théâtre… Donc, un inévitable brainstorming a fait naître les idées de représentation de ce thème. Ainsi, plusieurs illustrations des Classiques ont été représentées, tel un collage. On a mis bout à bout plusieurs représentations des Classiques, sans choisir aucun angle de vue.
Ainsi, durant les 10 premières minutes, avec moultes répétitions, les acteurs se demandent l’un à l’autre ce qui surviendra… car, « comme dans la vie, on ne sait pas ce qui arrivera… » Bon. On évoque le théâtre grec et on le compare au théâtre moderne. Ensuite, on interprétera certaines scènes de théâtre classique, dont « Titus et Bérénice », de Corneille et d’autres. Cependant, ces extraits, sortis de leur contexte, semblent plaqués là et ne font plus sens. Donc, collage d’extraits de pièces classiques.
Il y a aussi plusieurs soliloques d’acteurs, qui expriment différents points de vue sur le théâtre et sur la vie. J’ai bien aimé celui de Benoît McGinnis, qui transmettait une émotion palpable.
Une autre scène représentait le théâtre au temps des rois, où la scène était clairement divisée entre les Élus et la plèbe.
Puis, on termine la pièce avec une représentation du monde moderne, où un punk chante du Ferland à tue-tête, où on s’éclate, on chante, on danse et qui finit en gros party déjanté.
Bref, je cherche encore la « motivation » pour faire une telle pièce ainsi que le fil d’Ariane…
Avec : Louise Cardinal, Martin Drainville, Kathleen Fortin, Julie Le Breton, Jean-Moïse Martin, Benoît McGinnis, Madeleine Sarr, Mani Soleymanlou.
Une création de la compagnie Orange noyée, en coproduction avec le TNM et le théâtre français du CNA.