Critique
Du 27 juin au 27 juillet, le Théâtre Alphonse-Desjardins, à Repentigny, présente une toute nouvelle revue musicale intitulée « Un piano et des mots ». Ce spectacle de chansons, d’un peu plus de 2 heures met en scène le chanteur Marc-André Fortin – le gagnant de Star Académie en 2005 – et la chanteuse Audrey-Louise Beauséjour. L’écriture des textes et la mise en scène sont de Janik V. Dufour, en collaboration avec Louis-Charles Sylvestre .
Lors de la Première, le 4 juillet dernier, nous avons pu prendre la mesure de l’énergie vraiment impressionnante déployée par les 2 chanteurs, secondés par 3 musiciens chevronnés, avec l’excellent pianiste et directeur musical Gabriel Bertrand Gagnon, Maxime Reed à la batterie et Maxime Alarie à la basse. Les éclairages sont de Mathieu Paradis et le son, de Steve Branchaud.
Le spectacle est essentiellement une revue de 68 chansons francophones du Québec, de la France et de la Belgique, qui ont traversé notre ère, des années 60 à aujourd’hui. Le choix est des plus éclectiques, allant des chansons à boire, telles « Lève ton verre » à « La Quête », de Jacques Brel, en passant par « La Ronde », souvenir de l’Expo 67… ce qui a pour effet de manquer de ligne directrice et de créneau à identifier. A vouloir tout inclure, on rate parfois la cible…
L’auteure des textes et metteure en scène, Janik V. Dufour, a choisi de diviser le spectacle en thèmes, intitulés « Ouverture », « Prénom », « Saisons », « Vieillir », « Ecrire », « Engagement », « Y a pas de mots », « Les Poumons de l’accordéon », « Les mots justes », « Le bonheur est simple », « Finale », « Rappel ».
Les thèmes traités
Le choix de certains thèmes laisse dubitatif… Ainsi, pour honorer le thème « Prénom », on en vient à discourir, pendant de longues minutes, sur le choix des prénoms composés, en donnant, par exemple, le nom du pianiste, Gabriel Bertrand Gagnon, qui peut – semble-t-il – porter à confusion! Et on parle aussi de la redondance de certains prénoms tels Maxime, le prénom des deux musiciens… Mais – me suis-je dit – quelle est la pertinence et l’intérêt d’une discussion aussi banale dans un spectacle de chansons?? Cela contribue davantage à éteindre l’intérêt des spectateurs plutôt qu’à le mousser… Sous ce thème, on a donc regroupé plusieurs chansons commençant par des prénoms… tels « Aline », « Billy », « Les yeux d’Émilie », etc.
Chacun des thèmes du spectacle est bâti de la même façon. Pour les « Saisons », par exemple, on retrouve « Heureux d’un printemps », de Paul Piché, « Je ferai un jardin », de Clémence Desrochers, etc.
La prestation des chanteurs
Ici encore, à trop vouloir en mettre et en donner, on peut facilement « surjouer ». Bien qu’elle ait une voix adaptée à ce genre de spectacle, la jeune chanteuse Audrey-Louise Beauséjour en met définitivement trop. Elle semble avoir adopté une posture fabriquée, qui exagère le ton, les mouvements et donne l’impression de toujours surjouer, ce qui enlève beaucoup de l’émotion ressentie et partagée par les spectateurs.
De son côté, Marc-André Fortin est beaucoup plus naturel et sa prestation laisse passer beaucoup mieux les émotions. Sa plus grande intériorité – probablement due à son expérience de la scène- permet au spectateur de ressentir et de partager cette émotion. On respire un peu…
Enfin, la seconde partie du spectacle était, à mon avis, beaucoup plus intéressante et accessible pour le public. Les chanteurs étaient plus détendus, plus naturels et se laissaient davantage aller à leurs émotions.
Notons enfin que le spectacle était, à notre avis, trop long. Il pourrait être raccourci d’une vingtaine de minutes, et on en goûterait ainsi mieux les fruits. Un spectacle centré sur les mots et le piano se doit d’être beaucoup plus intimiste, sobre et tout en émotions, afin de faire partager les sentiments aux spectateurs, de ravir leur âme et de leur laisser un souvenir profond, doux et impérissable.
A voir jusqu’au 27 juillet, au Théâtre Alphonse-Desjardins, à Repentigny.
https://alphonse-desjardins.com