
Soumis par Luce Langis le 6 août 2019 –
Le Festival de Lanaudière s’est terminé le 4 août dernier par la prestation de la troupe des Grands Ballets canadiens, sur la scène de l’amphithéâtre Fernand-Lindsay. Danser en plein air constituait une première pour cette compagnie québécoise, créée il y a plus de 60 ans, et dont le directeur artistique est Ivan Cavalliari.
La température était clémente, en ce début d’août, et les spectateurs, au rendez-vous. C’est ainsi que ces danseurs et danseuses de très haut niveau nous ont régalés de deux ballets, fort distincts l’un de l’autre. Le premier, de facture très moderne, était signé Edward Clug, ce chorégraphe roumain contemporain, très créatif et talentueux, qu’avait invité Les Grands Ballets canadiens, en 2017. C’est donc sur le Stabat Mater, l’œuvre musicale liturgique la plus connue de Giovanni Battista Pergolesi (1736), que Clug a imaginé ce ballet moderne. Remplie de symboles très signifiants, cette chorégraphie aborde de nombreux thèmes actuels, tels l’amour, l’égalité entre hommes et femmes, l’uniformisation des sociétés, la pensée unique, l’empathie, la fusion des êtres, etc., mais illustre également le thème principal de ce motet du XIII ème siècle : la douleur de Marie, face à la crucifixion de son fils. C’est donc sur cette musique sacrée, de facture opératique, que la troupe des Grands Ballets canadiens a effectué sa danse contemporaine. Composée à parts égales d’hommes et de femmes, la troupe a exécuté plusieurs figures très symboliques, telles des mises en rang très uniformes, répétées, des danseurs et des danseuses, tous habillés pareillement, afin d’illustrer, me semble-t-il, l’uniformisation de la société, avec son corollaire, la pensée unique. Une autre des images fortes est celle où une jeune fille met ses bras dans le veston de celui de l’homme, afin d’illustrer la symbiose homme/femme, ou encore cette autre où, pour illustrer l’empathie, un homme très affaibli -presque mourant- reçoit le soutien de ses semblables. Il était intéressant de noter que les danseuses étaient toutes chaussées de souliers à talons hauts, et qu’un certain rituel était créé autour de ces souliers (elles les enlevaient, puis les remettaient à quelques reprises.) Enfin, soulignons la grande originalité et l’intérêt marqué de cette chorégraphie, qui nous tenait en haleine sur nos sièges.
Après l’entracte, le deuxième ballet était de facture résolument classique. Sur la magnifique musique de la septième symphonie de Beethoven, les danseurs et danseuses des Grands Ballets ont effectué une très belle chorégraphie, signée Uwe Scholz, chorégraphe allemand décédé prématurément en 2004. Ce génie de la danse a créé sa première chorégraphie à l’âge de 18 ans seulement, sur un air de Mozart. Il a également été chorégraphe d’opéra et aide-réalisateur de cinéma et de théâtre. Il a également signé la scénographie et les costumes de ce ballet présenté dimanche dernier. Cette danse, palpitante et très enlevée, s’accordait parfaitement à la musique très enlevante et joyeuse de la 7ème symphonie. Les danseuses, sur pointes, ainsi que les danseurs, ont effectué de nombreux numéros comportant de grandes difficultés techniques et requérant une maîtrise absolue de leur art. On retrouvait une belle harmonie dans la chorégraphie. Le même thème revenait, comme un fil conducteur, avec des variantes plus complexes. Bref, la grâce, la beauté et l’agilité étaient au rendez-vous.
La salle, émerveillée et conquise, leur a offert une longue ovation debout.
Le Festival de Lanaudière reviendra l’été prochain avec, une fois de plus, de magnifiques concerts.