Le Théâtre du Bic, sis dans la magnifique région du Bas-St-Laurent, présente la pièce Fanny, de la dramaturge bien connue, Rébecca Déraspe. Jusqu’au 17 août, les spectateurs auront la chance de voir cette pièce profonde, drôle et porteuse de sens, mise en scène par Marie-Hélène Gendreau et Hubert Lemire.
L’argument
Fanny (Marie-Thérèse Fortin) et Dorian (Jacques Laroche), couple à l’aube de la soixantaine, sont toujours très amoureux l’un de l’autre et filent le parfait bonheur. Ils sont à l’aise financièrement, vivent une vie agréable et sans grands tourments, et tentent d’en profiter pleinement. Ils n’ont pas eu d’enfant, et cela leur convient parfaitement. Pourtant, Fanny ressent un petit vide dans sa vie… Elle souhaite relever un défi : celui, justement, de « prendre soin de quelqu’un, de l’accompagner dans ses choix », comme elle l’aurait fait, à son âge, si elle avait eu un enfant…
Le couple décide donc « d’adopter » symboliquement une étudiante, en lui proposant d’habiter gratuitement chez eux. En retour, ils s’attendent à pouvoir jouer ce rôle « parental » qu’ils convoitent. Mais Alice (Doriane Lens-Pitt), comme toute jeune femme de 20 ans, souhaite plutôt s’affranchir des adultes et de la parentalité… Elle est directe, franche, confrontante et sans filtre. Elle a compris que la « gratuité » a toujours un fil attaché à la patte, et préfère donc payer sa chambre, pour garder son indépendance.
On entre donc dans un ballet relationnel entre le couple sexagénaire – et principalement Fanny – et la jeune Alice. Les deux générations se confrontent, se parlent, s’ajustent, se haïssent, s’aiment et se rejoignent aussi sur un aspect fondamental et crucial : l’affranchissement des femmes et la dénonciation ferme des féminicides. Ainsi, on voit que, de génération en génération, la cause du respect de la femme – et de son affranchissement du patriarcat – demeure toujours une bataille à livrer. C’est cette cause qui unit principalement les deux femmes.

La rencontre…
Ainsi, tout au long de l’heure et demie que dure la pièce, on fera le voyage fascinant que constitue la véritable rencontre entre les êtres. Cette rencontre qui, par son effet d’osmose, change en partie chacun des protagonistes, et lui permet d’évoluer. Ainsi, chacun s’enrichira de la présence et de la personnalité de l’autre. Les générations peuvent s’apporter et s’enrichir réciproquement, nous dit, en sous-texte, Rébecca Déraspe.
On rira souvent avec les personnages; on partagera leur trouble, leurs maladresses, leurs silences parlants et leurs propos directs. On sera touchés, émus, surpris…bref, on vivra de l’intérieur cette rencontre.
La pièce Fanny ne laissera personne indifférent. On y repense longtemps après, car la véritable rencontre « brasse » souvent les idées reçues, nous confronte à notre réalité et éclaire les zones les plus obscures de notre psyché.
Aucun temps mort, dans cette pièce, qui nous happe du début à la fin.
Un texte fort, des comédiens formidables et une mise en scène percutante, à l’image du propos!
Coproduction du Théâtre du Bic et du Théâtre du Double Signe.
A voir sans faute au Théâtre du Bic, jusqu’au 17 août 2024.