Derrière une attitude de légèreté et d’humour à tous crins, se cache, chez Georgio, un homme profondément égocentrique, contrôlant et même violent. Si ces traits de caractère avaient été si faciles à déceler, Tony, une jeune femme d’une trentaine d’années, équilibrée et sensible, ne serait pas tombée – et surtout, restée si longtemps – sous le charme de Georgio.
C’est dans un ballet cinématographiquement bien construit, alternant entre le présent et le passé, que se déroule cet excellent long-métrage de la réalisatrice Maïwenn, mettant principalement en vedette Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot. Malgré la longueur du film (125 minutes), on ne s’y ennuie pas une seconde. Telle une araignée tissant sa toile, Maïwenn construit le propos de son film, fil après fil, événement après événement, nous brossant graduellement le portrait psychologique de son protagoniste, jusqu’à ce que le spectateur s’en soit fait une idée claire, détaillée et sans appel : ce type est un salaud.
Pourtant, au début, rien ne présageait cette évidence : Georgio est un homme charmant, drôle, intelligent, excentrique, avec lequel on ne s’ennuie jamais. Tony, comme toute femme normalement constituée, tombe totalement sous son charme. La vie, avec Georgio, semble une fête perpétuelle… De plus, il semble si amoureux, si passionné, que Tony commence à croire à leur amour. Lorsqu’il lui demande, après quelque temps, de lui faire un enfant, elle le croit définitivement sincère.
Lorsque la mouche est bien prise dans le filet, c’est là que le masque de Georgio commence à craquer, et sa véritable personnalité, à percer. De déception en déception, la jeune femme verra émerger une réalité tout autre, un personnage tout à fait différent de celui qu’elle croyait connaître… Mais l’amour, c’est plus fort que la police !… Alors, de désillusion en excuse de Georgio (la classique des manipulateurs), et de nouvelle désillusion en nouvelle excuse, elle finira, au fil de ses prises de conscience, à se faire vraiment une tête à propos de cet enjôleur manipulateur.
Cependant, le prix à payer pour retrouver sa sérénité, sera fort cher. Il aura fallu à Tony un grave accident de ski et toute la convalescence qui sensuit pour arriver à arrimer la réalité de la véritable personnalité de Georgio avec les apparences trompeuses sous lesquelles il se cache. Le film se déroule donc entre le présent de la jeune femme (sa convalescence au centre de réhabilitation) et le passé (le récit de sa relation avec Georgio). Ainsi, plus sa réhabilitation avance et plus la jeune femme voit clair dans la véritable personnalité de son ex-mari.
Comme spectateur, on est pris par la main par le réalisateur. Ainsi, on fait le cheminement et les liens qui s’imposent, en même temps que la jeune femme. De plus, la guérison totale de sa jambe coïncidera avec la reprise de possession totale de sa vie, sans Georgio, définitivement.
Un portrait fin, intelligent et sensible des manipulateurs de ce monde.
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