Luce Langis

Chroniqueure culturelle

Les femmes de Tennesse William


Par Luce Langis  | 8 juin 2016 | Contenu original

Les 7 et 8 juin, le théâtre Outremont présente la lecture d’extraits de 5 pièces de théâtre du célèbre dramaturge américain, Tennesse Williams, intitulée « Les femmes de Tennesse Williams. » Cette lecture-spectacle d’une heure et demie, constituée d’une brochette choisie d’extraits, ayant pour thèmes la folie, la fragilité, la sexualité et l’abysse des âmes féminines entourant l’auteur, est défendue par les acteurs géants que sont Louise Marleau et Jean Marchand, et mise en scène par la très talentueuse Lorraine Pintal.

Les cinq pièces choisies pour incarner toutes les facettes de la psyché féminine, vue par Tennesse Williams, sont « Parle-moi comme la pluie et laisse-moi écouter », « La Chatte sur un toit brûlant », « La Pièce à deux personnages », « Soudain l’été dernier », « Un tramway nommé désir » et « Doux oiseau de jeunesse ». La scénographie, voulue minimaliste pour faire davantage ressortir le texte brut, est composée essentiellement d’un piano à queue- dont joue éloquemment Jean Marchand- , d’ampoules électriques suspendues au plafond, d’un fauteuil et d’une petite table, à laquelle s’adosse parfois Louise Marleau, pour des effets dramatiques.

Les thèmes investis par Tennesse Williams, tout au long de son œuvre, sont directement tributaires – comme pour la majorité des auteurs – de son enfance tourmentée. Élevé par un père alcoolique très autoritaire, violent, joueur de poker, et une mère, « une belle du Sud », qui aurait rêvé d’être actrice, – mais qui n’a pas pu réaliser son rêve -, Tennesse Williams sortira très marqué de cette enfance difficile. Sa sœur, Rose, qu’il adore – et qui porte le même nom que sa grand-mère maternelle- deviendra schizophrène. Suite à des aveux d’attouchements sexuels de la part de son père, elle sera internée dans un sanatorium, où elle subira une lobotomie. Le jeune homme rompt alors avec sa famille et prend sa sœur sous son aile. A l’âge de 17 ans, il réalise qu’il est homosexuel.

Tous ces faits marquants de son enfance viendront imprégner son œuvre de façon récurrente et indélébile. Ainsi, Rose est incarnée dans le personnage de Blanche DuBois dans « Un tramway nommé désir ». C’est une femme à la personnalité trouble, menteuse, séductrice, inextricablement coincée dans une situation sans issue et marquée par la souffrance et le désespoir. Dans la pièce « Soudain l’été dernier », la folie est représentée par le personnage de Catherine, qui détient la clé de la vérité, mais qui n’est crue par personne autour d’elle. L’homophobie et la sexualité sont également omniprésentes dans cette pièce, à travers le personnage de Sébastien, qui est homosexuel. Dans « La chatte sous un toit brûlant », c’est le thème de la solitude qui est exploité, alors que Brick se réfugie dans l’alcool et s’éloigne de sa femme Maggie, suite au suicide de son meilleur ami. Ainsi, tous les thèmes chers à l’auteur sont traités à travers ses pièces de théâtre, mais cette pièce-lecture s’attarde principalement au dévoilement de la psyché féminine des femmes ayant entouré l’auteur.

Louise Marleau est particulièrement éloquente dans la dernière pièce « Doux oiseau de jeunesse », qui évoque la vieillesse et la fin de la carrière d’une actrice. A certains moments, on croit presque que cette pièce a été créée pour elle, tellement le thème traité lui sied bien, mais bien vite, on se rend compte que cette grande actrice québécoise a encore bien trop à nous offrir pour prendre sa retraite maintenant. Ce serait une trop grande perte pour notre dramaturgie.

En un mot, cette lecture-spectacle est agréable et constitue une belle soirée. Ces extraits choisis forment comme un pot-pourri de l’oeuvre. Il ne faut donc pas s’attendre à l’amplitude et au déploiement que permet la réalisation de la pièce entière, mais cela donne tout de même un avant-goût de celle-ci. Ceux qui ont aimé tel extrait de l’une des pièces présentées pourront choisir d’aller voir la pièce entière ultérieurement. Notons toutefois que le confort des spectateurs pourrait être amélioré. Les chaises droites, dures, deviennent vite inconfortables au bout de quelques minutes.

Artistes / personnalités :Lorraine Pintal Louise Marleau Jean Marchand Tennesse Williams

Tags :Théâtre Outremont



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