
Soumis par Luce Langis le 2 mars 2019
26 février 2019 – 20:00
Du 26 février au 16 mars 2019, le Théâtre du Nouveau Monde (TNM) présente « Le mystère Carmen », un théâtre musical, conçu et interprété par Eric-Emmanuel Schmitt, dans une mise en scène de Lorraine Pintal. Dans le rôle de Carmen, on retrouve la talentueuse soprano Marie-Josée Lord, accompagnée au piano par Dominic Bouliane, pianiste de grand talent. Jean-Michel Richer, ténor, lui donne la réplique, à travers son rôle d’amoureux, tiraillé entre son amour pour Carmen et sa loyauté envers l’armée qu’il dessert.
C’est à un spectacle hors du commun que nous avons assisté jeudi dernier, lors de la Première médiatique. La salle était bondée, comme d’habitude… signe du grand intérêt que les spectateurs portent au TNM. Sur scène, l’auteur, comédien et dramaturge Eric-Emmanuel Schmitt nous raconte, de façon très éloquente et animée, la vie du compositeur Georges Bizet, en commençant par nous présenter les parents de ce dernier ainsi que les circonstances entourant sa naissance. Les propos d’Éric-Emmanuel Schmitt, orientés vers l’analyse et la philosophie entourant la vie de Bizet, alternent agréablement avec les compositions de ce dernier, interprétées par le pianiste Dominic Bouliane. C’est à un délicieux accord « mets-vin » que nous assistons.
Nous découvrons, au cours de ce spectacle de près de deux heures, que la vie de Bizet n’a vraiment pas été simple… Il s’est cherché tout au long de sa vie, tentant de faire plaisir au public de son époque et poursuivant « l’inaccessible rêve » de la reconnaissance et de la notoriété… C’est finalement lorsqu’il a abandonné l’idée de remplir les salles de l’opéra-bouffe de l’époque et de ne plus faire de concessions, qu’il s’est finalement trouvé, et a pondu son magnifique chef-d’oeuvre « Carmen ».
Ce personnage de femme libre, irrévérencieuse, passionnée, sexuellement sans complexes ni retenue, ne cadre vraiment pas avec les mœurs de l’époque… La première représentation de Carmen est un enfer… Cet opéra, qui deviendra par la suite l’un des plus aimés et joués au monde, est d’abord considéré comme un affront aux mœurs de la fin du IX ème siècle. Jusque-là, les héroïnes ne mouraient pas, à la fin des opéras : elles se mariaient avec le galant… et les opéras servaient même de cadres aux mariages, à la fin des représentations! Aucune passion violente n’y était manifestée. Quel contraste avec ce « Carmen »!
Eric-Emmanuel Schmitt a été passionné par le destin triste et tragique de ce compositeur de génie. Il a retracé tout son parcours, allant du génie-prodige qu’il était, à l’âge de 19 ans – premier grand prix de Rome avec la composition de sa cantate « Clovis et Clothide » – jusqu’à sa mort prématurée, à 36 ans, lors de la 33ème représentation de « Carmen ».
Entouré des deux chanteurs exceptionnels que sont Marie-Josée Lord et Jean-Michel Richer, accompagnés du pianiste Dominic Bouliane, il pose un regard lucide et philosophique sur le destin de Bizet. Entre la passion exprimée par le jeu et le chant des deux protagonistes amoureux, il oppose une analyse rationnelle, claire et sans faux-fuyants de cette vie tragique que fut celle de Bizet.
Ce spectacle intimiste est une heureuse rencontre entre l’opéra, la musique et le théâtre. La narration d’Éric-Emmanuel Smitt constitue un véritable poème nostalgique et passionnel pour l’oeuvre et la vie de Bizet.
A voir jusqu’au 16 mars 2019. Pour de plus amples