Du 12 novembre au 15 décembre, le Théâtre du Nouveau Monde (TNM) présente Kukum, une pièce inspirée du roman éponyme de Michel Jean. « Kukum », qui veut dire « Grand’mère » en Innu, s’inspire de la vie de l’arrière-grand-mère de l’auteur, Almanda, une femme blanche qui a choisi d’adopter le mode de vie de la communauté innue en épousant à 16 ans Thomas Siméon.
A travers son roman Kukum, publié en 2019, Michel Jean a voulu nous faire connaître la vie des Innus du début du XXème siècle. Il a aussi surtout désiré nous sensibiliser à leur réalité et aux drames qu’ils ont vécus, suite à l’industrialisation massive qui a littéralement détruit leur territoire. Cette connaissance de leur drame collectif nous permet de comprendre dans quels abîmes de souffrance ils sont tombés, suite à ce saccage de leur territoire, qui les a obligés à un changement drastique de leur mode de vie. Ces blessures psychologiques majeures – et pour plusieurs, mortelles – se sont répercutées sur les générations suivantes, et a entraîné chez eux les drames que l’on connaît… Une telle fracture d’identité pourra-t-elle un jour être guérie ? Chose certaine, c’est en prenant la main qu’ils nous tendent aujourd’hui, qu’on pourra les aider en leur témoignant sympathie, empathie et amitié.
C’est principalement ce que vise la pièce Kukum : nous tendre la main et nous emmener dans la connaissance de leur réalité… Et, comme on le sait, la culture d’un peuple passe d’abord et avant tout par sa langue… C’est ainsi que, dans Kukum, la langue innue prend une très grande place. Bien sûr, des sous-titres traduisent les paroles en français.

L’argument
Au début du XXème siècle, Almanda (Léane Labrèche-Dor) vit à Saint-Prime sur une terre agricole sur les bords du lac Saint-Jean. Un jour arrive un bel Innu, Thomas (Étienne Thibault), venu de la réserve Pointe-Bleue. Les deux tombent follement amoureux l’un de l’autre, et Almanda décide de l’épouser et d’adopter son mode de vie, au sein du clan Siméon. C’est ainsi qu’elle s’initie à la vie nomade, remonte en canot la rivière Péribonka, va chasser le caribou avec Thomas, prépare les peaux et vit comme une Innue, au sein de sa nouvelle famille Siméon, avec Malek, le chef de clan (Jean-Luc Kanapé) et Christine, la sœur de Thomas (Sharon Fontaine-Ishpatao). Almanda devient, au fil des ans, une Innue respectée et transmet à Claude, sa petite-fille (Emma Rankin), les expériences de sa vie et les savoirs ancestraux des Innus. La comédienne Marie-Eve Pelletier joue divers rôles dans la pièce.
Le traitement
Comme la pièce évoque la nature et la vie au grand air au début du XXème siècle, le rythme est plutôt lent – comme dans la nature – et les décors, minimaux. La metteure en scène, Émilie Monnet, a plutôt misé sur l’évocation, pour certaines scènes, que sur la représentation physique.
Certaines scènes, comme la danse indienne, rejoignent l’image d’Épinal de notre enfance…
La présentation de vidéos d’images d’archives, lors des changements de décor, est une belle trouvaille. On a alors accès à la vie réelle des autochtones du début XXème siècle.
Pour cette pièce, dont l’idée a été proposée par Lorraine Pintal, Michel Jean a insisté pour que les comédiens et les membres de la production soient le plus possible innus.
Kukum, une invitation à connaître davantage le peuple innu.
Au TNM, jusqu’au 15 décembre. Des supplémentaires sont déjà prévues.