Luce Langis

Chroniqueure culturelle

Invitation au voyage, par l’Orchestre métropolitain : Toucher le ciel!


Pour son dernier concert de la saison, l’OM a offert à ses mélomanes un programme très riche, aussi éblouissant que signifiant : on y entend le cœur battre dans chacune des musiques choisies, palpitant de vie au cœur de l’immense jardin de l’univers.

La magnifique Maison symphonique était pleine à craquer pour écouter l’orchestre complet de l’OM jouer avec le plus grand des talents les œuvres serties comme des joyaux, pour cet après-midi mémorable, soient La Valse, de Maurice Ravel, Eka-Bmijwang (Aussi longtemps que la rivière coule), de Barbara Assigninaak, le Concerto pour piano no.2 en sol mineur, op.22, de Camille Saint-Saëns, et enfin, la Symphonie no 6 en si mineur, op.74, aussi appelée La Pathétique, de Tchaïkovski.

C’est vêtu d’un très beau chandail aux tons dégradés, évoquant les vagues de l’océan, et d’un chic pantalon bleu que le chef, Yannick Nézet-Séguin, a fait son entrée sous les applaudissements nourris de la foule.

Et que la fête commence!

La Valse est un poème chorégraphique composé par Ravel en 1919-1920. Grand admirateur de Yohann Strauss, Ravel désirait en faire une apothéose de la valse. Cependant, comme la vie poursuit toujours ses propres chemins, la première guerre mondiale éclata et changea également la couleur de cette grande valse. A l’image romantique et fastueuse de la Cour viennoise du XIX è siècle s’y imprégnèrent également les accents tragiques d’un monde décadent, toujours menacé par la barbarie. La musique de La Valse reflète très bien cette alternance entre la joie pure et légère, où les flûtes et violons s’amusent dans de légers pas de danse rythmée, et le tragique, où les cordes, le tambour et les instruments plus graves montent en crescendo, jusqu’à l’éclatement. Toutefois, la contrebasse continue de donner les pulsations de la vie, à un rythme régulier.

La seconde pièce, Aussi longtemps que la rivière coule, est une création de la compositrice autochtone, Barbara Assiginaak. D’une durée de 5 minutes, cette pièce aérienne évoque la vie au cœur de la forêt. On y entend ici et là le craquement des branches, un oiseau qui chante, le silence des lieux, puis une reprise de plusieurs bruits vivants de la forêt… Une respiration bénéfique, au cœur de ce concert très animé.

S’en est suivi le Concerto pour piano no.2 en sol mineur, op.22, de Camille Saint-Saëns. Cette œuvre magistrale, pour piano et orchestre, d’une durée de 24 minutes, a été exécutée avec un talent et un brio qui forcent l’admiration, par le jeune pianiste Alexandre Kantorow. Que de virtuosité, de musicalité et de travail inlassable contenus dans cette prestation parfaite! La jonction parfaite de l’orchestre, reprenant les thèmes pianistiques, venait magnifier l’œuvre et en faire un chef d’œuvre. La partition de chacun, réglée au quart de tour, rendait possible la magie de l’ensemble. Chapeau!

La symphonie pathétique

Enfin, la troublante, fascinante et majestueuse Symphonie pathétique de Tchaïkovski venait clore en grande pompe ce concert exceptionnel. Cette dernière création de Tchaïkovski se veut son testament. La qualifier de « passionnée » est un euphémisme. Le premier et le dernier mouvement forment une boucle qui se referme, telle la mort. Notons au passage que le compositeur est mort 8 jours après la création de son œuvre.

Le premier mouvement s’ouvre sur une introduction lente et sombre, jouée par le basson et les cordes. Les mouvements II et III alternent entre l’agitation passionnée et des mesures évoquant une idée tendre et lyrique. On peut y distinguer la mélancolie et la tristesse, traduites par le battement d’un cœur lourd, donné par un ré obsédant. Notons que Tchaïkovski s’est autorisé, dans le 3ème mouvement, des mesures à 5 temps – ce qui est vraiment très inhabituel – évoquant ainsi quelqu’un qui marcherait à cloche-pieds.

Le quatrième et dernier mouvement finit dans un silence total, évoquant la mort, le néant.

En un mot, ce fut un concert exceptionnel, constituant la carte de visite de l’OM, qui se prépare à entamer sa tournée mondiale.

Bonne et heureuse chance à cet orchestre extraordinaire, mené par un chef tout aussi extraordinaire!

Crédit photo : François Goupil



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