Luce Langis

Chroniqueure culturelle

I Misici au Festival de Lanaudière: un mélange de douceur et de fougue


Par Luce Langis  | 18 juillet 2016 | Contenu original

« Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté ». Ce vers de Baudelaire résume parfaitement le sentiment qui m’habitait lorsque, avec une amie, je me suis installée sur la pelouse du Festival de musique classique de Lanaudière. Il faisait beau, en ce samedi soir du 16 juillet, et la sérénité du lieu rendait nos cœurs tout disposés à accueillir cette divine musique classique. Arrivées une vingtaine de minutes avant le concert, nous avons pu goûter à l’ambiance paisible qui règne sur cette grande plaine jouxtant l’Amphithéâtre Fernand-Lindsay.

Au programme ce soir-là : l’orchestre de chambre I Musici présentait en ouverture Les contes de la belle Mélusine, op. 32, de Félix Mendelssohn (1809-1847). Suivaient deux œuvres de Camille Saint-Saëns, soient le Concerto pour violoncelle no1 en la mineur, op. 33 et la Romance pour violoncelle et orchestre, op.36. Enfin, une œuvre très douce et très intérieure de Antonin Dvorak (1841-1904), Les bois silencieux, clôturait cette première partie du concert. La violoncelliste invitée, Emmanuelle Bertrand, a dédié cette pièce – bien à propos d’ailleurs – à toutes les victimes de Nice. Il régnait alors, chez les spectateurs, un recueillement et un silence profonds, témoignant de leur immense respect envers les victimes de cette tragédie.

Le chef d’orchestre, Jean-Marie Zeitouni, dirigeait cet ensemble avec énormément d’expressivité, de couleur et d’enthousiasme. Ce jeune chef montréalais, diplômé du Conservatoire de musique de Montréal, est reconnu à travers le monde pour son style convaincant et expressif, dans un répertoire qui va du baroque à la musique contemporaine. Il était très agréable de le voir diriger l’orchestre avec autant de plaisir, un grand sourire éclairant son visage. Quant à Emmanuelle Bertrand, son jeu est très expressif, sensible et très intérieur. Il rendait hommage aux pièces choisies, elles aussi très douces et très intimistes, à l’image même de son instrument, le violoncelle. Cette jeune artiste, directrice artistique du Festival de violoncelle de Beauvais (France), a été élue artiste de l’année 2011 par le magazine Diapason et les auditeurs de France musique et a reçu le « Diapason d’Or » pour son disque Le violoncelle parle. C’est un privilège de la voir et de l’entendre ici, au Québec.

Ne renions pas, cependant, la raison principale qui poussait, je crois, tant de mélomanes à assister à ce concert en plein air : il s’agissait, bien entendu, de réentendre– toujours avec un aussi grand plaisir – la cinquième symphonie de Beethoven ! Que de fougue, que d’énergie, dans ce « Ta- la- la- lam, ta- la- la- lam » devenu mythique et incontournable. Cette joyeuse affirmation de la puissance de la vie, écrite en 1808, demeure tout aussi moderne qu’elle l’était au début du 19ème siècle. Que d’audace, que d’intensité dans cette attaque rythmique de 4 notes qui ne supporte aucune réplique à sa puissance d’évocation ! Quel merveilleux crescendo préparé savamment en douce, par de petits groupes d’instruments, ici les clarinettes, là les cors anglais, se répondant et se donnant la réplique pour finalement aboutir, tous instruments confondus et unis, à une finale grandiose, un feu d’artifices électrique, donnant la chair de poule à n’importe quel humain ! Que de plaisir à laisser monter en soi cette énergie éclatante et signant la victoire définitive de la Vie sur la Mort !

Merci Beethoven ! Merci I Musici ! Cela fait du bien à l’âme, surtout en ces temps torturés…

Le Festival de Lanaudière se poursuit jusqu’au 7 août prochain.

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