Le 24 mai dernier, l’Orchestre philharmonique et Chœur des mélomanes (OPCM) clôturait sa saison 2025 avec un concert magistral, avec plus de 200 choristes et musiciens sur scène et deux cantatrices invitées : Sarah Dufresne (soprano) et Allyson McHardy (mezzo-soprano), sous la direction de Maestro Francis Choinière. Toute une soirée!
La Symphonie no. 2 de Gustav Mahler est une œuvre musicale magistrale. Elle a été classée cinquième plus grande symphonie de tous les temps. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Mahler voyait grand, très grand! Rarement a-t-on vu autant de choristes et de musiciens réunis sur une même scène. Celle de la Maison symphonique était remplie à pleine capacité, en ce soir du 24 mai. C’était impressionnant à voir.
Dans ce poème symphonique d’un peu plus de 80 minutes, Mahler exprime sa vision de la beauté sur terre et dans l’Au-delà. Afin de recréer le son lointain de l’Au-delà, il a prescrit à quelques cornistes de jouer en coulisses… Mahler a aussi demandé à ce qu’une pause de 5 minutes soit faite entre 2 des mouvements, de façon à ce que les spectateurs puissent reprendre leur souffle et de permettre aux musiciens de se réaccorder.. deux indications que Maestro Choinière a respectées. Ce sont toutes ces particularités qui créent la richesse inégalée de cette symphonie.
Cette Symphonie de la Résurrection, écrite entre 1888 et 1894, contient 5 mouvements. Le premier mouvement, appelé « Funérailles », pose la question existentielle et intemporelle « Y a-t-il une vie après la mort? » Le deuxième mouvement est un souvenir des moments heureux de la vie du défunt ; le troisième mouvement représente une vision de la vie comme une activité dénuée de sens ; le quatrième mouvement est un souhait de libération d’une vie sans sens ; et le cinquième mouvement – après un retour des doutes du troisième mouvement et des questions du premier – se termine par un espoir fervent d’un renouveau éternel et transcendant.
Mon analyse (bien profane) de l’écriture de Mahler est que celle-ci se développe comme un bonbon bien emballé. Au tout début des mouvements, un seul piccolo ou une flûte traversière ouvre un léger et doux chemin… Puis, les autres instruments s’ajoutent et lui répondent. Bientôt, c’est l’orchestre tout entier qui joue à pleines cordes (75 instruments à cordes sur scène!) et à pleins cors, tambours, trompettes, timbales et cymbales! C’est la grande apothéose, le grand climax, la grande fête de la musique dans toute sa plénitude et sa splendeur.
Le cinquième et dernier mouvement est appelé Résurrection. C’est le plus long mouvement (30 minutes) de la Symphonie. C’est ici seulement que le Chœur entre en fonction : tout d’abord très doucement, dans un triple pianissimo, avant de s’enfler et de devenir fanfare. On entend l’appel des cors en coulisses. Après la Marche des morts, illustrée par des roulements de tambour et les coups de Gongs, l’orgue, jusque-là silencieux, fait son entrée, et le chœur est invité à chanter mit höchster Kraft (avec la plus grande puissance), accompagné par le tintement des cloches graves. Mahler est allé jusqu’à acheter de véritables cloches d’église pour les représentations, trouvant tous les autres moyens d’obtenir ce son insatisfaisants. C’est aussi dans ce dernier mouvement que les deux solistes chantent depuis le balcon. Mahler a écrit à propos de ce mouvement : « La tension croissante, jusqu’au climax final, est si intense que je ne sais pas moi-même, maintenant qu’il est terminé, comment j’en suis arrivé à l’écrire. »
Les spectateurs ne sortent pas indemnes d’un tel concert! Irradiés jusqu’au cœur par toute la puissance de cette musique, ils sont remplis d’énergie et d’adrénaline. Moi et mon amie, mues par cette énergie communicative et ce besoin irrépressible de partager une telle expérience, nous sommes tournées, instinctivement, vers nos voisins de sièges pour en parler…jusqu’à la sortie.
Crédit photos : Tam Photography
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